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LES ANCIENS COUVENTS DE LYON

en quelques mots voyons ce qu’elle est devenue. En 1793, la chapelle de Saint-Saturnin fut vendue et démolie, et l’église de Saint-Pierre devint une fabrique de salpêtre. Elle ne fut rendue au culte que dix ans plus tard, en 1803, et fut restaurée sur les dessins de M. de Gérando. Quant aux bâtiments de l’abbaye, on les réservait à une destination plus importante. Le 10 novembre 1795, un arrêté du représentant du peuple Poullain-Grandpré établit la Bourse dans le palais de Saint-Pierre. En 1799, il fut question d’éventrer l’édifice pour y percer une rue. M. Cochard fit des démarches actives pour empêcher cette profanation ; il finit par obtenir du premier consul un arrêté qui affectait le palais Saint-Pierre à des établissements d’instruction publique et de commerce. Un conservatoire des Arts fut établi en 1807 et supprimé en 1812. Alors M. Artaud fut nommé directeur du palais ; c’est lui qui fut le vrai créateur de nos musées, et surtout de celui des antiques. Ce fut sous son administration — je ne cite pas ce fait à sa louange — que, pour donner une nouvelle destination à la salle qui les contenait, fut vendue la collection des machines modèles, comprenant le métier de Jacquard et celui de M. de la Salle. C’est lui qui fit faire des fouilles dans l’ancien Jardin des Plantes, et qui réunit au musée toutes les richesses d’antiquités qu’on y voit aujourd’hui et qui autrefois étaient éparses dans la ville ou les environs.

Le palais de Saint-Pierre est grandiose et porte sur sa physionomie le grand air de Versailles ; il mérite une visite. Allez le voir, et à peine en aurez-vous franchi le seuil, que vous sentirez en vous un sentiment nouveau. Tout autour, sous le portique, se présentent des antiquités précieuses ; à l’intérieur de la cour, au-dessus des arcades, vous admirerez les métopes, belles copies grecques qui rappellent les plus beaux jours d’Athènes. Au fond de la cour, on vous montrera une vaste salle, sombre et simple, qui fut l’ancienne salle du Chapitre et qui devint plus tard la salle de là Bourse ; mais la déesse du jour a quitté ce coin trop modeste pour aller habiter un palais somptueux. Un immense musée de tableaux, où sont très nombreuses les toiles de premier ordre, où toutes les écoles sont représentées par