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LES ANCIENS COUVENTS DE LYON

Lyon, dans des conditions misérables. Or, une nuit, Antoinette fut réveillée par le bruit de ses rideaux s’ouvrant sous une main étrangère, et sentit un baiser. Elle se tut sur cette aventure. Quelques jours après, elle entendit du bruit autour d’elle, et sentit frapper de petits coups sous ses pieds. L’abbesse, avertie, somma l’esprit de signaler sa présence par un certain nombre de coups ; au même instant, on entendit le nombre de coups demandé. On ne pouvait plus douter de la présence de l’esprit malin, on dut procéder à l’exorcisme. Cette cérémonie eut lieu ; ici je trouve plusieurs dates, l’article de Lyon ancien et moderne sur l’abbaye donne le vendredi 22 février 1526, mais l’Annuaire de 1840 dit le 17 février, jour de la Septuagésime, 1527. L’esprit déclara être l’âme d’Alix de Tézieux et réclama le pardon de l’Église et des religieuses, pour être délivrée des trente-trois années de purgatoire auxquelles elle était condamnée. Ceux qui seraient curieux de plus de détails les trouveraient dans un procès-verbal qui fut rédigé par Adrien de Montalembert, aumônier de François Ier, qui le publia sous ce titre : La merveilleuse histoire de l’esprit qui depuis naguères s’est apparu au monastère des religieuses de Saint-Pierre de Lyon. Paris, 1528. — Le second volume de la Revue du Lyonnais en donne des extraits. — Pernetti, à ce sujet, dit : « Des critiques pourraient croire était une fraude pieuse imaginée pour que cette apparition épouvanter les religieuses et leur inspirer une conduite plus régulière. » — Henri-Corneille Agrippa traite de sornette le récit de Montalembert, et le qualifie d’imposteur et d’homme sans conscience. « Je n’ai garde, dit l’abbé d’Artigny, dans ses Mémoires de critique et de littérature, tome VII, d’en porter le même jugement ; c’est bien assez de penser qu’un zèle ardent, mais peu éclairé, a conduit la plume de Montalembert, dont il paraît que le but principal a été de fournir un préservatif contre les luthériens qui, déjà répandus en France, combattaient ouvertement la doctrine de L’Église sur le purgatoire. » — Quoi qu’il en soit, les religieuses, d’abord très effrayées, eurent dès lors un grand zèle pour les observances régulières.