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LES ANCIENS COUVENTS DE LYON

Mais ce qui fut une véritable révolution, ce fut la réforme dont nous allons dire un mot. Le quinzième siècle est une lamentable époque pour l’histoire de l’abbaye. Qu’il me soit permis d’en épargner aux fidèles le lamentable récit ! Les chroniques nous ont laissé des détails navrants sur les libertés malheureuses des religieuses de Saint-Pierre. Bien des fois les archevêques de Lyon essayèrent de détruire le mal, et bien des fois ils n’y purent réussir. En 1511, François de Rohan, archevêque de Lyon, tenta un effort suprême en exigeant une réforme. Il proposa un nouveau règlement, et ce règlement portait que les religieuses Bénédictines de Saint-Pierre vivraient en commun et coucheraient dans un dortoir, qu’elles prendraient l’habit des Bénédictines réformées et se soumettraient à la clôture, qu’elles feraient maigre toute l’année et se lèveraient à minuit pour chanter les matines, qu’elles n’auraient pas de pécule, qu’elles porteraient des chemises de serge et auraient des draps de laine, qu’elles ne paraîtraient au parloir qu’avec une assistante et voilées, qu’on démolirait trois chapelles communiquant avec le dehors, et que l’abbesse renoncerait à faire porter sa croix devant elle par un aumônier. Ces prétentions parurent exorbitantes aux religieuses ; l’abbesse et les nonnains soutinrent qu’elles étaient exemptes de la juridiction de l’ordinaire, elles refusèrent d’obéir et se pourvurent auprès du Pape. Le Souverain Pontife nomma un commissaire pour connaître de ces différends. Celui-ci excommunia l’archevêque. Mais François de Rohan avait eu l’habileté, avant d’entreprendre cette campagne, de faire partager ses vues par le roi et par Anne de Bretagne. C’est pourquoi le roi et le parlement intervinrent, l’excommunication fut levée, et la réforme s’effectua bon gré mal gré. Je dis bon gré mal gré, parce qu’en vérité ce ne fut pas facile. En 1514, le Consulat reçut des lettres du roi, relatives à l’exécution des arrêts rendus au parlement pour la réformation de l’abbaye de Saint-Pierre ; ces ordres furent signifiés aux religieuses, mais les religieuses n’en tinrent pas compte, et la résistance continua. Alors Anne de Bretagne prit cette cause en main ; l’abbesse et plusieurs religieuses opposantes furent transférées