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LES ANCIENS COUVENTS DE LYON

l’apprend dans sa fameuse lettre à l’empereur Charlemagne : « J’ai fait rebâtir un monastère de vierges dédié à saint Pierre, dans lequel on a enseveli le saint évêque Ennemond, qui en est le fondateur. J’ai fait rebâtir l’église et la maison depuis ses fondements ; et l’on compte aujourd’hui dans ce monastère trente-deux religieuses qui y vivent régulièrement. » On croit que c’est alors qu’elles se mirent sous la règle de Saint-Benoît.

Saint Benoît fut le patriarche de la vie monastique en Occident, comme saint Antoine le fut en Orient ; c’est lui qui, sans exagération, transfigura l’Europe. À l’époque où le monde ancien était inondé des légions des barbares, saint Benoît apparut avec ses légions de moines. Il fut, comme l’appela Montalembert, le législateur du travail et de la vertu.

Mais fonda-t-il des monastères de religieuses ? Quand on se rappelle sainte Scholastique, que saint Grégoire appelle sanctimonialis, et qui habitait Piombarole, à quatre milles du mont Cassin, on est bien tenté de croire que le grand patriarche ne limita pas son zèle à fonder des monastères d’hommes. Cependant, le P. Mabillon, toujours si exact, dit qu’on n’a pas déraisons suffisantes pour l’affirmer.

Quoi qu’il en soit, il y eut, dans la suite, des âmes assez généreuses pour accepter de vivre sous la règle de Saint-Benoît, avec ou sans mitigations. Elles s’appelaient Bénédictines, et généralement leur costume était noir : robe, scapulaire et tunique.

L’époque où les religieuses de Saint-Pierre passèrent sous la règle de saint Benoît n’est pas absolument certaine. Quelques-uns pensent que le fait eut lieu dès le sixième siècle, d’autres l’attribuent à Leydrade. Dès cette époque, l’abbaye va toujours prospérant, et bientôt le roi Lothaire ajouta à tous les biens possédés par cette communauté des biens considérables situés, à ce que l’on croit, à Morancé, en Beaujolais. Dans cette charte de Lothaire, il y a une phrase curieuse ; il y est dit que le monastère de Saint-Pierre est entre le Rhône et la Saône, dans le bourg de Lyon, in burgo, pendant que le roi siège de sa personne sur la rive droite de la Saône, dans la ville de Lyon, in civitate Lugdunensi.