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LES ANCIENS COUVENTS DE LYON

La Croix-Rousse n’était pas alors le quartier populeux que nous connaissons aujourd’hui, mais comme elle était le grand aboutissant des routes de la Bresse et de la Suisse, elle était assez fréquentée. Le beau quai par lequel on entre aujourd’hui à Lyon n’existait pas encore ; il ne fut commencé qu’après 1729. Les arrivants suivaient alors une route qui passait par Saint-Maurice-de-Beynost, Rillieux, traversait le plateau et aboutissait à la porte de Saint-Sébastien. Dans le faubourg, comme à la Guillotière et à Vaise, on trouvait en grand nombre, des deux côtés de la route, des hôtelleries très fréquentées. Le plan de Lyon, de Simon Maupin, qui date de 1625, donne de la Croix-Rousse, à cette époque, une idée très exacte. Sur le chemin, on rencontrait une croix rougeâtre ou rousse, qui donna son nom au faubourg. Abattue en 1562 par les protestants, elle fut relevée plus tard. Quelques années ensuite, on en érigea une seconde près des portes de la ville ; la Révolution la fit abattre. Quand la paix fut rendue, elle fut rétablie à nouveau dans l’axe de la Grand’Rue, mais comme elle gênait la circulation devenue plus active, on la déplaça et la mit sur le côté occidental de la place ; en 1881, la municipalité la fit encore abattre.

Pour avoir une idée exacte de la Croix-Rousse, il faut se rappeler aussi qu’à la place du magnifique boulevard qui traverse aujourd’hui le plateau, il y avait autrefois et, jusqu’en 1865, les murs des fortifications qui s’étendaient du Rhône à la Saône, et qui d’abord n’eurent qu’une porte, celle de Saint-Sébasten ou de la Croix-Rousse, et qui était fermée pendant la nuit. On conçoit facilement combien était gênante cette barrière de remparts.

Au point de vue spirituel, la Croix-Rousse était dans le délaissement le plus complet ; il n’y avait point d’église. À part celle de Cuire, qui n’était pas où est l’église actuelle, mais qui était sur le bord de la Saône, les églises les plus voisines étaient Saint-Vincent, Notre-Dame de la Platière et Saint-Pierre-et-Saint-Saturnin. Ces trois paroisses se partagèrent la Croix-Rousse : Saint-Vincent eut tout le versant occidental, Notre-Dame de la Platière le plateau jusqu’à l’axe de la Grand’Rue, et Saint-Pierre-et-Saint-Saturnin.