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non… Et Aline se dit que, sans doute, l’espèce est nombreuse de ceux qui ont des yeux et ne voient point…

À quoi a-t-il servi à Mme Blanche de passer au milieu des beaux spectacles de la nature, puisque son âme est demeurée fermée ? Aline a trouvé plus de jouissances dans ses voyages imaginaires que la jeune femme n’en a goûté dans son record essoufflant… La petite couturière comprend, à cette minute, que le plus précieux don du ciel n’est pas la fortune ni la liberté, mais la faculté de sentir la grâce et la beauté des choses, — ce grain de poésie dévolu à certains comme un talisman magique qui transforme la vulgarité de la vie. Et, grand philosophe ainsi sans le savoir, Aline s’accoude à sa croisée pour mieux écouter ses amis les oiseaux, tandis que les nuées s’entassent à l’horizon comme de fantastiques montagnes d’or.

Mathilde ALANIC.