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du Couvent.

se seraient fort bien passées. On s’achemine vers le dortoir, sous la conduite d’une vieille sorciere embéguinée, d’une vieille furie honorée du nom de religieuse et dont la tête eût pu servir de modèle à Rembrand Van-Ryn, dans la composition de ses grotesques, ou au facétieux Callot. On a soin de leur rebattre les oreilles d’un vieux sermon qu’on leur a repété tous les jours, de prendre garde en se déshabillant de ne se pas complaire à regarder le nud, de ne pas se toucher complaisamment la gorge et les autres parties du corps, de penser aux plaies de notre Seigneur et de dire un pater et un ave maria en leur honneur, toutes les fois que le malin esprit les tentera, et d’avoir attention en dormant de ne pas reposer leurs mains sur cet endroit deshonnête qui est la niche du Démon qui, si elles n’y prennent garde, viendra sous la forme d’un serpent, les piquer, et sur-tout de ne pas causer la nuit avec leurs compagnes… Finis, vieille sempiternelle, cesse d’étaler la morale usée de ton insigne cagoterie, et réfléchis qu’en défendant ces gestes et ces re-