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Les veillées

rai ; si je me promène dans une allée et que j’approche trop près du gason, elle me menace de dire à mon papa, que j’ai foulé les bordures, gâté les couches, arraché les fleurs des arbres fruitiers, ou éparpillé les roses ; de sorte que je n’ai un peu de tranquillité que quand cette maudite grogneuse s’est aussi enfermée dans sa cuisine, pour y boire à son aise, tandis que les autres domestiques sont dispersés dans le village, St.-Louis pour faire sa cour à la fille du fermier, et la femme de chambre pour causer avec la nièce du Curé qui est très-jolie.

Un jour que je jouais au volan dans le corridor, tandis que maman et son petit abbé étaient dans le boudoir, j’entendis soupirer et crier : et voici ce que maman disoit : « Abreuve-moi, mon cher abbé, remplis-moi de cette manne céleste ; donne-moi un de ces baisers brulans, savoureux comme le meilleur baume ; baise-moi des baisers de ta bouche ; demeure entre mes mammelles, comme un bouquet de myrthe ; mets ta main gauche sur ma tête que ta droite m’embrasse ; ô mon bien aimé,