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du Couvent.

leurs yeux vont être désillés, et dans peu, nos jeunes cloîtrées goûteront à longs traits les plaisirs des dieux, ce nectar qui donne la vie à tout ce qui respire.

Louise est comme Agnès, cloîtrée pour toute sa vie peut-être, parce que des casaniers ambitieux, ayant à choisir entre un fils et une fille, doivent tuer et sacrifier la dernière à la fortune du premier. Leurs cœurs n’en font qu’un ; mêmes goûts, même penchant, mêmes chagrins et mêmes motifs, l’ennui du cloître ; et l’attente impatiente des plaisirs de l’amour, même ignorance, même desir de s’y soustraire, tout concourt à les unir, jusqu’au vêtement, la grandeur, l’âge, la couleur des cheveux, et les graces de l’esprit, douceur de caractère, langueur intéressante, et traits charmans. Belle Manon, si tu avais été leur compagne, j’aurais fait faire un carton et un errata à toutes les mythologies ; et Chompré, par mon conseil, aurait substitué dans son Dictionnaire de la fable, les noms d’Agnès, de Louise et de Manon, à ceux d’Aglaë, Euphrosine et Thalie. A la prière, à la classe, à la promenade,