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Les veillées

moins Adèle et Théodore, par une dame qui voulant donner ce qu’elle n’a pas, a travaillé cependant efficacement à donner des mœurs à l’enfance. Nous avons des Anecdotes curieuses et les Annales de la Vertu. — La maîtresse de classe arrive-t-elle à l’improviste, on serre promptement sous le tablier le livre corrupteur auquel on substitue le livre pieux. Tout le monde connoît par expérience tous les tours, toutes les ruses de collège qui sont la politique de la jeunesse. Manon, raconte-moi toi-même tout ce que tu fis à cet âge heureux, ce que tu pensas, ce que tu sentis, tes espiégleries, tes conversations, tes confidences, et si tu ne crains pas de déchaîner contre toi tout le beau sexe, mon histoire sera complette.

N’est-il pas vrai que, si par hasard on trouve dans un livre un passage tendre, on le relit deux et trois fois, on soupçonne un mystère qu’il faut éclairer ; on interroge sa compagne ; on examine son cœur ; la petite imagination exaltée fermente et travaille ; on se dit à soi-même tout ce que le délicat Gessner