Page:Les Veillées du couvent, ou le Noviciat d’amour, 5793 (1793).djvu/138

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
132
Les veillées

les pièces qui constatent l’authenticité du fait que je vais raconter, mais je le garantis vrai…

Agnès, au milieu de ses plaisirs, laisse échapper un soupir, et des larmes tombent de ses yeux. Mais il ne faut pas les confondre avec celles qui sont produites par des élans de la volupté. Un Sylphe y voit clair, et je ne m’y trompe pas non plus… « Pourquoi ces pleurs ? dit le Sylphe à la pleureuse ; pourquoi ce soupir ? As-tu encore quelque souhait à combler ? Parle et compte sur ma tendresse… Ne suis-je pas trop exigeant, ou l’es-tu trop ? Il me semble pourtant que je me surpasse… » — Ah, dit Agnès, peux-tu croire que je ne sois pas contente de toi ? Ton amour m’égale aux bienheureux, je te serre dans mes bras, tes caresses me dévorent, ta vigueur m’épuise… Nous ne faisons qu’un, et j’ai joui dix fois du bonheur des dieux… Mais permets-moi de desirer encore, et de donner un souvenir à l’amitié… — Je suis seule heureuse, c’est trop pour moi, et ce n’est pas assez pour mon cœur. Jouir seule, et ne pas penser aux autres pour leur procurer le même plaisir, c’est un