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du Couvent.

faiblesse pour me donner des loix et me condamner à des privations : je ne puis te quitter sans mourir, et mourir sans t’aimer jusqu’à mon dernier soupir. Vois, ne m’abandonne pas… Un baiser qui effleura légèrement ses lèvres, en y laissant une trace de feu, fut toute la réponse du Sylphe, et Agnès parlait encore qu’il était déjà bien loin.

Agnès prenant beaucoup de goût aux caresses du Sylphe, desirait qu’il passât la nuit avec elle, mais le Sylphe agit selon moi très-prudemment, en remettant la partie au lendemain, pour que la prosélyte conservât des desirs qui augmentassent son ivresse dans le prochain tête-à-tête, et ne se refroidît pas par un excès de friandise. Les esprits aëriens sont d’ailleurs sobres et modérés dans leurs appétis, ils se ménagent plus que nous autres mortels et nos gourmandes beautés terrestres ne s’accommoderaient pas de morceaux si légers.

Ne rougis-tu pas de ton ingratitude, ma chere Manon, en voyant Agnès si reconnaissante envers son amant aërien ; toi qui