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Les veillées

heureux… en même-tems un effort violent brise tous les obstacles qui fermaient l’entrée du vase virginal ; le sang coule, Agnès crie, soupire, et prouve qu’elle a quinze ans et qu’elle est digne d’un Sylphe. Ah ! dit-elle : consolateur céleste ! ne puis-je te voir, es-tu un de ces Sylphes bienfaisans qui daignent se communiquer aux mortelles ?

Oui, dit le passionné farfadet, en collant un baiser de feu sur les lèvres de sa prosélyte ; quoiqu’invisible, je n’en existe pas moins, tu mérites d’être heureuse et tu vas l’être ; encore un cri, un soupir et un mouvement et tu vas savourer les délices des Dieux. Agnès seconde son cher vainqueur avec un courage vraiment héroïque : la précieuse rosée s’échappe à grand flots de la coupe où elle s’élaborait depuis trois lustres, l’amant aërien a répandu les libations d’usage dans le sanctuaire de Paphos, Agnès en est inondée. Ses paupières se ferment, ses lèvres s’entrouvrent, et un sommeil délicieux s’est emparé de ses sens.

Profitant de ce sommeil, le Sylphe a re-