Page:Les Veillées du couvent, ou le Noviciat d’amour, 5793 (1793).djvu/114

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
108
Les veillées

L’office est fini, Agnès est libre et vole à sa chambre : à peine arrivée, elle ne sent plus la puce et ses projets de vengeance sont déjà oubliés ; on ne la cherche point : ma puce est douée d’intelligence, et ce n’est pas sans cause qu’elle a cessé ses morsures ; nous verrons pourquoi dans un instant.

Agnès s’assied, écarte les jambes, ôte son fichu et tire de sa poche un petit livre qu’elle devoit lire à la promenade avec Louise ; privée d’elle, elle le lira seule fort bien ; on ouvre, on feuillette le livre et on voudrait dans sa mortelle impatience lire tout dans une même séance : c’est le petit neveu de Bocace, livre charmant, belle poësie, tableaux enchanteurs. Le premier conte qui saute aux yeux d’Agnès est intitulé : le berger Sylphe. Oh ! oh ! dit Agnès, celui-là doit être joli ; j’ai lu déjà je ne sais où de ces contes de Sylphes ; ce sont des esprits bien beaux, bien tendres et bien complaisans ; ô dieux ! si je pouvais en avoir un, et Louise un autre ! Voyons, cela doit m’amuser, lisons. La porte est fermée à double tour et je ne crains pas les importuns.