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savez, dans ce tems terrible où les cours martiales envoyaient à la potence des gens qui n’avaient pourtant tué personne, pendant les fêtes des approches du jour de l’an et le soir du jour même où deux patriotes avaient été pendus, il se donnait un grand bal chez un loyal sujet. Une dame qui est née dans le pays quoique pourtant de famille portant un nom anglais, reçut une invitation pour ce bal. Elle la renvoya après avoir écrit sur le dos : « … En un jour comme celui-ci, les familles canadiennes devraient porter le deuil au lieu de se livrer à des réjouissances ! » Je vous le demande, y a-t-il une place assez grosse pour récompenser tant de zèle, tant de dévouement ?

François. — Tout ça est bel et bon. Le gouvernement peut bien donner des places à ses amis dévoués. Mais au moins il ne devrait pas les mettre sur nos charges.

Quenoche. — Quant à moi, je n’aime pas à payer les violons de ceux qui dansent quand on nous pend !

Bonsens. — Et moi je n’attends rien de bon de ceux qui ambitionnent les récompenses qui viennent de l’autre côté de la mer.