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Grand, et qui était bien, de son tems, le plus magnifique monarque de la terre. Il avait tout ce qui pourrait satisfaire un homme raisonnable, même un roi. Il avait des grands généraux qui lui gagnaient des batailles ; des grands évêques qui lui faisaient les plus beaux sermons qu’on eût entendus ; des grands écrivains qui lui faisaient pour l’instruire de beaux livres, et pour l’amuser de belles chansons. Eh ! bien, tout cela ne lui suffisait pas ; plus il avait de grandes choses, plus l’orgueil le gonflait. Comme aux petites gens dont je vous ai parlé, les palais de son père lui paraissaient trop mesquins pour un aussi glorieux souverain. Il se mit à en bâtir un pour passer l’été, comme on n’en avait jamais vu. Il paraît qu’on ne peut pas s’en faire une idée, même quand on le voit. C’est du marbre, des pierres de toutes couleurs, de l’or, des tableaux, des fontaines. Enfin, les étables de ses vaches sont plus belles cent fois que la maison de monseigneur. Il y a des portes qui ont coûté chaque, plus que toutes les maisons de la paroisse, et des chambres qui paieraient toutes les terres de notre comté.