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bien d’autres choses qu’il serait trop long d’énumérer, comme disent les marchands dans leurs annonces.


Au moment où j’entre chez le père Bonsens il n’est pas chez lui. Je trouve mademoiselle Jacqueline, sa vieille sœur, qui tient sa maison, mais ne tient pas aussi bien sa langue. Je voulais me retirer ; mais elle m’assura que son frère ne pouvait pas être bien loin, qu’il avait labouré une grande partie de la journée ; qu’il devait être bien fatigué, le cher homme ; qu’elle avait beau lui dire de ménager sa santé, il ne faisait aucun cas de ses conseils ; mais qu’un jour viendrait où l’on verrait qu’elle avait raison ; qu’on n’a que sa pauvre vie et que ça ne sert à rien de se faire mourir, surtout dans un temps comme celui-ci ou la terre est dure, vu la sécheresse, qu’il n’y a plus d’eau dans les puits… Enfin je ne savais que faire pour me retirer honnêtement, ne pouvant placer une parole, lorsqu’heureusement deux voisins, puis un troisième, entrèrent, et, après avoir salué mam’zelle Jacqueline, allèrent