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LES SOUSPIRS
AMOUREUX DE
F. B. de Verville

I.


Tandis que discourant en mon intelligence,
Je cherche le destin qui me doit advenir,
Je cognoy que le ciel veut un coup me tenir
Sous les heureuses loix de vostre obeissance.

Du sort, du ciel, d’amour l’infinie puissance
Me pousse, me contraint, & me force a venir
Où la divinité voulut faire finir
L’influence ordonnee, au jour de ma naissance :

Tout est sujet icy à la fatalité,
Les astres guident tout, & l’amour indompté
Respand à son vouloir, par l’univers sa flame.

Puis donques que le Sort, me tire à tel destin,
N’allez contre le Ciel pour empescher sa fin,
Mais permettez qu’Amour triomphe de mon ame.


II.


Jamais la douce ardeur d’une si belle flame
N’avoit dedans mon sens allumé mon tison,
Jamais mon cœur captif en si belle prioson
N’avoit logé le soin au plus beau de mon ame.

Jamais aussi les yeux d’une si belle dame
N’avoyent peu arrester mon humaine raison,