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DISCOURS SATIRI-
QUE DE N. DIGNE,
A
F. B. VERVILLE.



Verville je me ris de voir sous apparance
Pelle-melle en un tas, l'honneur & l'ignorance,
Les biens, & la sotise, & souz un masque feint
Le faux dessus le vray, si naivement peint.

L'un trouve bon cecy, l'autre fascheux ne trouve
Selon son jugement ce que quelque autre approuve,
Tout est icy rempli d'esprit autant divers
Que de diversité est rempli d'univers,
Tellement que l’effort d'une muse subtile
Pour contenter chacun est du tout inutile.
Mais ne pouvant gaigner quelque grace envers tous,
Je serois bien d'avis de recercher en nous
Nous mesmes du plaisir, sans vainement l'attendre,
Du vouloir d'un commun, dont il ne doit despendre.

Quand à moy je me ris de ces tristes humeurs,
Qui donnent tant de peine à gaigner les faveurs
Et qui tous reformez, difficiles, & blesmes,
Ne trouvent rien bien fait que ce qu'ils font eux mesmes‚
Ne trouvent rien de goust que leur desgoutemmt :