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Vous cognoistrez l'ardeur de mon feu agreable.

Si au lieu d'un acier vous avez un cœur tendre,
Si au lieu d'un glaçon vous avez l'ame au sang,
Si un air amoureux vous agite le flanc,
Vous cognoistrez l'ardeur qui couve sous ma cendre.

Si aux yeux vous avez une lumiere belle,
Si des sens vous avez l'effait egalement,
Si dedans vostre esprit loge le jugement,
Vous cognoistrez l'ardeur de ma flame eternelle.

Si vous n'avez d'amour fuy la douce flame,
Et si de l'amitié n'avez hay le soin,
La douce pitié n'avez chassee au loin,
Vous cognoistrez l'ardeur de ma fievre amoureuse.

Ne me faites douter du bien que je desire,
Ou bien je douteray de vos perfections :
Mais je n'en puis douter donq' en mes passions
Octroyez moy mon cœur le bon heur ou j'aspire.


XXVIII.



Je vous donne mon cœur, non fay, rendez le moy,
Si je vivois sans cœur je vivrois sans courage,
Et ainsi je serois comme une vaine image,
Sans valeur, sans desirs, sans puissance, sans foy.

Sans cœur on a tousjours dedans le sang l'effroy,
Je veux donc le ravoir, & encor d'avantage