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D'une si douce contrainte.

Si le destin m'eut donné
A l'instant que je fus né,
De mériter quelque grace,
Je voudrois avantureux
Par un souhaut si heureux
Avoir au ciel quelque place.

Je voudrois en la beauté
De ceste divinité
Cherche la source immortelle
Des feux dont la sainte ardeur,
Allume en nos cœurs l'honneur
De la lumiere eternelle.

Mais mon merite est trop bas,
Et je ne merite pas,
D'y oser perdre la vie,
Car ce qui est eternel
Veut que par un immortel
Sa puissance soit servie.

Et pourtant tout estonné
Je me sens environné
De mille peurs à sa veuë,
Et voy la mort me presser,
Sentant peu à peu passer,
Mon ame toute esperdue.

Cependant je beniray
Cest œil par qui je vivray,
Soit que de luy je respire,