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peut dire unique collection de ce produit si estimé de la céramique française.

M. A. Darblay se proposait de consacrer deux volumes à ce grand travail ; la mort ne lui a pas permis de l’achever, mais sa veuve n’a pas voulu laisser perdre le fruit de tant de précieuses recherches et, surmontant sa douleur, elle s’est imposée la tâche de fondre et de réunir en un seul volume tous les documents et les gravures déjà terminées que son regretté mari avait réunis.

On ne peut que la louer de ce soin pieux ; la Société de Corbeil-Étampes lui en est particulièrement reconnaissante.

Cette digression est inhérente à l’histoire de la Société ; c’est pourquoi nous n’avons pas cru devoir la passer sous silence.

En dehors de ses publications, la Société s’est attachée à une œuvre qui ne peut que lui faire honneur : c’est la création du Musée St-Jean.

L’église de la Commanderie des chevaliers de l’Ordre de Saint-Jean de Jérusalem remonte au xiiie siècle ; on attribue sa fondation à la reine Isburge de Danemark, épouse de Philippe Auguste, qui y fut inhumée en 1236. Cette église, désaffectée à la Révolution, servit aux usages les plus divers, entre autres de carboniserie pour la poudrerie dont elle était voisine. Après bien des vicissitudes, elle fut acquise, il y a peu d’années, par M. Darblay père, qui voulut bien consentir à la louer à la Société historique de Corbeil-Étampes pour un prix plus que modique (1 franc par an). Il est juste d’ajouter qu’avant de livrer le monument à la Société, M. Darblay se chargea d’en faire une restauration intelligente et soucieuse de la conservation du style de ce remarquable édifice. Inutile d’ajouter que M. Darblay y consacra des sommes importantes, mais il faut rappeler que ce fut M. Aymé Darblay, celui que nous pleurons aujourd’hui, qui s’occupa spécialement de ces travaux et les dirigea lui-même.

C’est donc dans ce beau cadre que la Société a installé son musée, cadre aussi vaste que charmant, puisque la nef a presque 70 mètres de longueur, avec un transept très grand aussi. C’était même trop grand, car la Société ne possédait pas de quoi garnir cette vaste étendue ; mais elle fit appel à toutes les bonnes volontés, qui ne lui firent pas défaut. Des particuliers ajoutèrent quelques dons ; la veuve d’un collectionneur, Mme de Souancé, donna une très belle collection préhistorique que son mari avait mis vingt-cinq ans à réunir, et qui offre cette particularité qu’elle a été presque entièrement composée d’objets trouvés dans la région, entre Étampes et Corbeil. MM. Darblay y déposèrent aussi beaucoup de choses intéressantes. La ville de Corbeil y mit en dépôt les curiosités qu’elle possédait. Les pierres tombales anciennes, provenant de Saint-Jean et retrouvées un peu partout, sont revenues