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III


C’était une règle posée par l’état-major allemand : tout Français n’appartenant pas à l’armée régulière et pris les armes à la main, devait être fusillé. Les compagnies franches elles-mêmes n’étaient pas reconnues comme belligérantes. En faisant ainsi de terribles exemples sur les paysans qui défendaient leurs foyers, les Allemands voulaient empêcher la levée en masse, qu’ils redoutaient.

L’officier, un homme grand et sec, d’une cinquantaine d’années, fit subir à Dominique un bref interrogatoire. Bien qu’il parlât le français très purement, il avait une raideur toute prussienne.

— Vous êtes de ce pays ?

— Non, je suis Belge.

— Pourquoi avez-vous pris les armes ?… Tout ceci ne doit pas vous regarder.

Dominique ne répondit pas. À ce moment, l’officier aperçut Françoise debout et très pâle, qui écoutait ; sur son front blanc, sa légère blessure mettait une barre rouge. Il regarda les jeunes gens l’un après l’autre, parut comprendre, et se contenta d’ajouter :

— Vous ne niez pas avoir tiré ?