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LES SÉRAILS DE LONDRES

et lui répliqua qu’il ne pouvoit pas lui accorder beaucoup de délai ; que chaque heure étoit un siècle de tourments, tant qu’il ne posséderoit pas l’idole de son cœur ; cependant il consentit à lui donner jusqu’au soir, dans l’espérance qu’à son retour, elle auroit pleinement satisfait son attente.

Pendant ce temps, la mère abbesse s’étoit procuré une jeune fille qui ressembloit à Miss M...e, autant qu’elle pouvoit le conjecturer d’après la description que le lord lui avoit fait de sa personne ; elle s’imaginoit qu’elle seroit assez heureuse pour que cette personne fit sur lui la même impression ; elle étoit la fille d’une blanchisseuse du voisinage qui l’avoit vendu à un riche baronet, qui la visitoit par occasion ; mais elle pouvoit toujours passer pour vierge, d’autant que sir John étoit supposé ne pas avoir la capacité de la dévestaliser. Le lord revint à l’heure dite ; l’abbesse lui présenta Betsy Collins qui, quoiqu’elle lui procura un plaisir vif, étoit incapable de chasser de son imagination la figure enchanteresse de Miss M...e, qui étoit toujours la maîtresse souveraine de ses affections.

La rusée matrone découvrant que son projet n’avoit pas répondu à son attente, lui parla alors d’un nouveau stratagème : « Vous voyez, Milord, dit-elle, que cette fille est belle et agréable ; qu’elle a du sentiment et l’esprit pénétrant ; elle est entièrement à mes ordres. Son ami le baronet est à