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LES SÉRAILS DE LONDRES

fort souvent nous ennuie. Après la révolution de plusieurs mois, milord s’apperçut que sa passion étoit bien diminuée ; sous le prétexte de la jalousie, il lui chercha donc une querelle qui rompit leur liaison.

Une jeune personne âgée tout au plus de vingt ans, et ayant les charmes d’Émilie, a rarement la prudence suffisante pour profiter du présent, et amasser pour l’avenir. Imaginez-vous une taille majestueuse, une figure aimable et remplie de grâces, les traits les plus réguliers, les yeux les plus séduisants, des lèvres qui appellent le baiser, une belle bouche ornée de deux rangées d’ivoire qui, par leur régularité et leur blancheur, enchantent la vue : imaginez-vous, dis-je, une telle personne, et ne vous étonnez pas si le miroir fidèle d’Émilie lui disoit qu’elle avoit de justes prétentions à la conquête universelle ; que si milord l’avoit adoré, les autres devoient par conséquent rendre hommage à ses charmes ! avec de pareils sentiments, pouvoit-elle se former l’idée d’un besoin avenir ; mais les vicissitudes de cette vie sont si extraordinaires, et si peu attendues, qu’elle se trouva, en peu de temps, dans cette situation. Elle se vit contrainte, pour vivre, de vendre ses bijoux, ses bagues, ses diamants et la plus grande partie de ses ajustements ; elle ne trouva plus d’admirateurs ; elle se trouva enfin