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LES SÉRAILS DE LONDRES

dans une position avec Mme la T...che, qui ne me laissa plus de doute sur son inconstance ; je le sommai de me rendre raison de l’injure qu’il m’avoit faite ; il me railla pendant quelque temps, et me dit qu’il ne pouvoit se battre contre une femme. Je tirai mon épée et je lui ordonnai de se défendre : les suites du combat furent terribles, il me blessa au sein ; mais, hélas ! je lui portai un coup fatal qui le jetta à terre. J’allai chercher du secours, et je lui envoyai sur-le-champ un chirurgien. Quant à ma blessure (en disant ceci elle ouvrit son sein, et nous la montra) je n’y fis point attention, quoique mon chirurgien appréhenda beaucoup pour mes jours. Étant rétablie, et la campagne étant achevée avec la guerre, je passai en Angleterre. Comme je possédois une somme considérable en argent, je pris équipage ; je donnai un libre essort à mes désirs amoureux avec tous les beaux chevaliers qui se présentoient à ma vue ; je fournissois, dans l’occasion, à leur entretien, jusqu’à ce qu’enfin je commençai à m’appervoir qu’il ne me restoit plus rien.

« Il étoit temps alors de penser à lever des contributions avec mes charmes. J’avois à peine formé cette pieuse résolution, que le lord Pyebald se présenta : il s’introduisit chez moi sous un nom supposé, et passoit pour un négociant. Je ne connaissois ni sa personne, ni son caractère ; mais je