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LES SÉRAILS DE LONDRES

sur elle un effet bien différent de celui qu’il auroit occasionnée par les déprédations que cette inondation inattendue sur sa figure avoit opéré sur ses charmes. Le rouge couloit d’un côté, le blanc de l’autre, ce qui formoit deux petits fleuves de rouge et de blanc qui ruisseloient le long de son col. Les grâces furent aussi-tôt abolies ; la Vénus fut détruite ; et la malheureuse Kitty qui, quelques instants auparavant, paroissoit plus belle qu’un ange, redevint, par ce saint déluge, une femme ordinaire.

Cette aventure produisit dans le premier moment un peu de bruit dans la chapelle. On reconduisit Kitty à sa voiture, qui, de retour chez elle, envoya chercher son chirurgien ; elle reprit peu à peu l’usage des sens ; mais malheureusement elle se regarda dans la glace ; elle fut si épouvantée du dérangement de sa figure, qu’elle tomba dans ces accès violents, dont on ne put la faire revenir que par la saignée.

Cet accident dérangea beaucoup le plan religieux de Kitty qui se proposoit de ne point l’abandonner, et espéroit d’être plus heureuse dans une autre attaque. Malgré le désordre et la confusion que son évanouissement apparent avoit produit sur ses sens, elle avoit cependant reconnu dans l’aumônier de son excellence, un gentilhomme irlandais, nommé O’Fty, qui venoit la