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LES SÉRAILS DE LONDRES

elle envoya chercher son coiffeur, et commença les opérations de sa toilette vers les huit heures.

Tandis que le perruquier étoit occupé à arranger ses cheveux, elle consultoit attentivement son miroir fidèle.

Désirant surpasser toutes les beautés dévotes, en fait de teint, elle n’épargna point la collection de rouge et autres couleurs employées dans de pareilles circonstances. Vers les onze heures, elle paroissoit, suivant son opinion, une Vénus parfaite. Elle étoit entièrement assurée de subjuguer son excellence. Elle avoit, pour cet effet, étudié les sourires, minauderies et agaceries qu’elle se proposoit de mettre en usage pendant ses œillades religieuses.

Elle partit enfin ; elle s’apperçut en chemin qu’elle avoit oublié son livre de prières, qui étoit la seule marque religieuse qu’elle eût dans le monde : il étoit cependant important pour elle de l’avoir ; elle retourna promptement chez elle, et arriva justement au moment où la messe alloit commencer. Comme elle entroit dans la chapelle, avec un air très décent, elle fut reçue d’une manière à laquelle elle ne s’attendoit pas ; une dévote, très-zélée, ayant observé qu’elle n’avoit pas pris d’eau bénite, lui en offrit honnêtement, mais en une si grande quantité, que la dose la fit évanouir en apparence ; car dans cet instant, l’eau avoit fait