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LES SÉRAILS DE LONDRES

à la meilleure santé de Mme Crisp, et engagea Lucy de suivre son exemple. Cette jeune personne accepta avec une sorte de répugnance la proposition ; elle n’eut pas plutôt avalé la liqueur, qu’elle s’aperçut que c’étoit un verre d’eau-de-vie, qui lui fit un si prompt effet sur ses sens, que ses yeux s’appesantirent aussitôt de sommeil, et qu’elle ne s’éveilla que lorsque Mme Mitchell vint la prévenir qu’un de ses amis particuliers étoit en bas, et désiroit de lui parler. Miss Palmer ne fut pas plutôt revenue à elle, qu’elle s’imagina que c’étoit Mme Crisp qui la faisoit demander.

Dès que Mme Crisp se vit en possession de la personne de Miss Palmer, elle se transporta, sur-le-champ, chez la mère Mitchell, pour l’informer de l’hôte aimable qu’elle avoit chez elle, dont elle lui fit la parfaite description de sa beauté et de ses perfections. Mme Mitchell remarqua immédiatement l’avantage précieux qu’elle pourroit retirer de cette intéressante demoiselle. Elle répondit qu’elle avoit dans la ville un ami intime, négociant très riche, qui, désirant depuis longtemps posséder un pareil objet, lui avoit, à ce sujet, donné carte blanche : que si elle vouloit se prêter à la circonstance, elle lui donneroit, outre son droit de courtage, un beau présent. Les conditions furent agréées, le plan exposé et mis, comme on le voit, à exécution. Mme Mitchell avoit donc écrit dès le