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LES SÉRAILS DE LONDRES

un moyen ingénieux pour s’en procurer ; elle s’habilloit avec élégance et volupté ; elle alloit chez Tracey ; elle prétendoit être dans le plus grand embarras pour aller à la comédie ou aux autres spectacles ; et quand, par des artifices bien connus aux femmes de cette caste, elle avoit émouvé ses sens, elle ne demeuroit pas un moment de plus, à moins qu’il ne lui donna une guinée, ce à quoi il se soumettoit de bonne grâce, pour jouir de sa compagnie. Elle ne restoit pas avec lui plus d’une heure. Mais s’il vouloit jouir une autre heure de la même faveur, encore une autre guinée ; ainsi elle lui faisoit, de cette manière, si bien payer ses courses, qu’il auroit dépensé, en peu de temps, la plus grande fortune de l’Angleterre ; aussi à sa mort, qui arriva quelques mois après, ses affaires se trouvèrent-elles dans le plus grand désordre.

Charlotte avoit, avant cet accident, rompu avec Tracey. Elle tâcha de se procurer d’autres admirateurs, aussi complaisants que lui, ce qui n’étoit pas facile à rencontrer ; mais, après une variété de vicissitudes, elle fut enfermée pour dettes. Pendant sa captivité elle fit la connoissance particulière d’un comte qui, après avoir obtenu sa liberté lui procura la sienne. C’est alors que Charlotte forma son établissement dans King’s-Place ; elle eut soin d’avoir des marchandises choisies (telle étoit son expression). Ses nonnes étoient de la