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LES SÉRAILS DE LONDRES

haits et leurs désirs ; enfin, à éviter les excès de la boisson et de la débauche, afin qu’elles pussent toujours avoir un air de modestie et de décence, même au milieu de leurs amusements. Ces articles, et quelques autres, formaient leur constitution. Enfin, c’était un crime impardonnable de cacher à la mère abbesse les présents et autres gratifications pécuniaires qu’elles recevaient au delà des prix fixés du sérail, lesquels étaient très modérés. Une nuit de plaisir avec une sultane, un bon souper, et autres dépenses, se payait un louis d’or, somme qui aurait à peine suffi à défrayer une de nos dames de la perte de son temps, sans compter les rubans et autres ajustements du soir, ni mentionner le souper, le vin de Champagne mousseux et autres dépenses de la maison.

Ces dévotes de Vénus passaient ordinairement leur après-dîner jusqu’au soir dans un grand salon ; quelques-unes pinçaient de la guitare, tandis que d’autres les accompagnaient de la voix ; il y en avait qui brodaient au tambour ou festonnaient ; on leur interdisait l’usage des liqueurs, excepté l’orgeat, le sirop capillaire et autres boissons innocentes, afin que leurs esprits ne fussent point échauffés, et qu’elles observassent le plus strict décorum.

L’amateur des dames se rendait dans ces endroits avant la comédie ou l’opéra, et, semblable au grand seigneur, il jetait le mouchoir à sa