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LES SÉRAILS DE LONDRES

que Kitty eut dit, qu’elle regardoit son altesse comme la personne de l’Angleterre qui possédoit mieux les qualités requises dans les plaisirs amoureux, qu’il lui remit un billet de banque de cent livres sterlings, en lui observant qu’il espéroit qu’elle ne ressembloit pas à Fanny Murray qui avoit fait un déjeûner d’un billet de banque[1].

Le duc ne fut pas plutôt de retour chez lui, qu’il ordonna à son valet-de-chambre, qui étoit son confident et son mercure, de lui chercher une maison agréable : en ayant trouvé une conforme à son dessein, il enjoignit à son tapissier de la lui meubler dans le genre le plus élégant.

Ayant donc suivi Kitty dans son nouveau logement, avec une femme-de-chambre et des domestiques pour la servir, nous allons la laisser réfléchir sur sa bonne fortune, et satisfaire sa vanité et son ambition en s’imaginant être la duchesse de ...

Que le lecteur ne croye cependant pas que

  1. Voici l’anecdote qui fut généralement répandue à ce sujet. Fanny Murray vivoit avec le baronet Richard Atkins ; un jour qu’il déjeunoit avec elle, elle se trouvoit avoir le plus grand besoin d’argent pour payer un joaillier ; elle montra au baronet Richard l’embarras où elle étoit ; il lui remit un billet de banque, en lui déclarant que c’étoit tout ce qu’il avoit dans le monde. Fanny mit aussitôt le billet entre deux tranches très minces, de pain et de beurre et le mangea de cette sorte, en disant qu’il ne suffisoit pas pour un déjeuner.