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LES SÉRAILS DE LONDRES

jours la région intérieure ». Il serait à désirer que les jeunes gens du siècle qui affectent le savoir, suivissent la remarque judicieuse d’un homme adonné à la dissipation et à la débauche ; et qui, quoiqu’il fût d’une forte constitution, détruisit, par ses vices, sa santé avant d’avoir atteint sa trentième année ; mais nos élégants du jour n’ont que l’extérieur, ils n’ont pas d’expressions dans leur contenance que celles que leur donnent leurs perruquiers et leurs parures.

La pauvreté de Derrick était quelquefois si grande qu’il n’avait ni souliers ni bas. Se trouvant un jour dans cette situation au café Forrest, à Charing-Cross, il se retira plusieurs fois dans le temple cloacinien pour rajuster ses bas qui, méchamment, déployaient à chaque minute des trous remarquables, ce qui mettait le roi hors de contenance. Le docteur Smollet était présent ; il aperçut son embarras et lui dit : « Il faut, Derrick, que vous soyez bien relâché pour aller si souvent au cabinet. » Comme il n’y avait pas d’étrangers dans le café, Derrick pensa qu’il pourrait tirer avantage de l’observation, et se procurer une bonne paire de bas par une plaisanterie ; exposant alors sa pauvreté : « Il est vrai, docteur, répliqua-t-il, mais le relâchement est dans mes talons, comme vous pouvez aisément le voir ». — « Sur mon honneur, Derrick, reprit Smollet, je l’avais