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LES SÉRAILS DE LONDRES

que sa jolie personne devoit lui procurer un nombre considérable d’adorateurs.

Dans cette opinion, elle fréquenta tous les endroits publics, et mit tout en œuvre pour s’assurer un autre amoureux qui, au moins, pût l’entretenir aussi élégamment que M. D...n. Elle fit la connoissance de M. S...n, qui passoit pour un homme de fortune ; il l’étoit certainement en un sens du mot, car il comptoit entièrement sur la Déesse aveugle pour son entretien : il figuroit dans le monde sur le ton de plus de mille livres sterlings par an ; mais sa fortune étoit extraite de deux os cubiques, vulgairement appelés dés. Ces dés étoient quelquefois si insensibles, qu’ils devenoient sourds à toutes ses supplications, ses vœux, ses serments, et que cette expression critique, « sept est le principal, » l’a souvent renvoyé chez lui sans le sou.

Cependant lorsque la chance du bonheur lui étoit favorable, il n’y avoit pas d’homme plus généreux que lui. Nelly se trouva, dans un même temps, tout à la fois en possession de sept cent livres sterlings, d’une belle vaisselle d’argent, et de plusieurs bijoux d’un prix considérable ; mais, hélas ! cette Élysée disparut bientôt ; la scène changea et ne présenta plus qu’une vie triste et affreuse ; des rochers et des montagnes inaccessibles formoient la route à travers laquelle Nelly