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LES SÉRAILS DE LONDRES

dans cette maison religieuse. Chaque moine observe très scrupuleusement de ne pas enfreindre la loi de l’union nuptiale de ses autres frères.

Les dames, en particulier, souscrivent au serment du secret ; et, comme il est de leur intérêt réciproque de ne point faire connaître les règles et les cérémonies de cette maison religieuse, il n’y a pas encore eu, depuis la première institution de l’ordre, aucun rapport scandaleux sur leur compte ; ce qui, autrement, aurait pu augmenter le nombre des divorces qui maintenant est si fort en vogue dans ce royaume.

Pour qu’aucune dame ne puisse être surprise, soit par son mari, parent ou connaissance quelconque, elles sont admises en masque, et elles ne se démasquent qu’après que tous les frères les ont passées en revue, afin qu’elles puissent éviter, si elles le jugent convenable, la rencontre de quelque personne fâcheuse. Dans ce cas on n’exige d’elles aucun éclaircissement, mais elles peuvent se retirer sans faire aucune apologie ni confession quelconque à aucun des frères, si ce n’est qu’à leur mari temporaire.

On y admet de temps à autre, les recherches du genre amoureux et platonique, mais, dans ces circonstances, l’entière liberté des discours est permise, pourvu néanmoins qu’elle n’outre passe point le décorum. Alors, si les sujets de la conversation deviennent trop passionnés, les dames employent l’usage de l’éventail, pour ne point montrer la rougeur que produit sur leurs visages de pareils discours : et, fort souvent sous ce prétexte, quelques dames saisissent