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LES SÉRAILS DE LONDRES

prince de S...se. Mme L.w.ot.n, Miss B..t..n Miss K...g, Miss H..ph..ys, Miss K...y, et même Miss Emily C..lth..st, ne regardoient point comme un déshonneur de céder aux instances de sa hautesse : ses poches étoient toujours remplies d’or, sa voiture étoit à leur service, et ces dames lui donnoient des preuves de leur attachement pour ses qualités et ses capacités : de telles partialités ne pouvoient manquer de le recommander puissamment sur-tout à ces Filles de joie, dont les seules vues sont concentrées dans le gain, et qui ne considèrent jamais la constitution, le teint, l’âge ou les infirmités de leurs adorateurs ; d’ailleurs, si Mungo n’avoit pas la beauté, il étoit jeune, vigoureux et fort bien fait : est-il donc surprenant, qu’en imitation de Desdemona, elles donnassent la préférence à un autre Othello, sur plusieurs autres amants insipides et énervés ?

L’âme ambitieuse de Mungo ne se fixoit pas seulement aux simples grisettes, elle prit un vol plus élevé. On rapporte de lui une histoire que nous ne prétendons pas vérifier, quoiqu’elle ait été répandue avec beaucoup de profusion ; mais pour illustrer son caractère, nous allons raconter cette aventure qui arriva, dit-on, dans les jours de Pâques, près de Blackheath. Miss S..., dame bien connue dans les alentours de Greenwich, accompagnée de sa femme de chambre, étoit,