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LES SÉRAILS DE LONDRES

vrage est écrit par un moine de l’ordre de Saint-François, et il nous paraît nécessaire d’illustrer son caractère, et de donner une petite description du prieuré de Medmenham, le siège de l’esprit, de la plaisanterie, de l’anecdote et de la galanterie, car ce fut dans cet endroit que ces mémoires furent recueillis et écrits, durant un séjour de quelques semaines, par une société de gens de lettres les plus distingués et les plus enjoués de ce siècle.

Un certain gentilhomme qui avait fait le tour de l’Europe, et avait visité la plus grande partie des villes capitales du continent, où il fit des observations judicieuses sur chaque objet intéressant qui se présentait à son imagination particulièrement sur les différents couvents religieux, fondés, pour ainsi dire, en contradiction directe avec la nature et la raison, étant de retour en Angleterre, pensa qu’une institution burlesque sous le nom de Saint-François, montrerait évidemment l’absurdité de ces sociétés séquestrées, et il jugea qu’il conviendrait mieux de substituer à la place des austérités et des abstinences qui y étaient pratiquées, l’enjouement agréable, la franche gaieté et la félicité sociale. Ayant communiqué son idée à plusieurs gentilshommes instruits, d’un caractère vif et badin, et pensant comme lui, ils s’accordèrent ensemble à faire bâtir une petite maison, mais élégante, sur une petite île située au milieu de la Tamise, pas bien éloignée de Hampton ; ce projet fut aussitôt exécuté ; l’habitation était distribuée en un nombre d’appartements convenable qui consistaient en une