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LES SÉRAILS DE LONDRES

Dans cette ferme persuasion, après l’avoir entretenu de l’empêchement qui s’opposoit à leur union, il lui communiqua ses intentions. À cette proposition, Marie s’emporta avec chaleur, lui reprocha sa perfidie ; il s’étoit préparé à cette attaque, ainsi sa colère ni ses reproches ne le détournèrent point de son dessein ; à la fin la nécessité la força de se rendre à sa discrétion ; elle devint grosse et accoucha d’un fils.

Dès ce moment, la tendresse de M. Williams, au lieu de diminuer, augmenta.

Dès que Marie fut rétablie, elle parut en public avec plus d’éclat, d’autant mieux que ses couches s’étoient faites secrètement. Le baronet Charles B...y la joignit un soir au Ranelagh : ayant découvert que sa femme lui étoit infidèle, il pensa qu’une femme aussi belle et aussi agréable que Mme Br...wn (car nous ne lui donnerons plus que ce nom), pour laquelle il ressentoit le plus vif attachement, pourroit infiniment lui faire oublier la perte de sa perfide épouse : il lui déclara en conséquence sa passion ; Mme Br...wn l’écouta favorablement, son orgueil fut enchanté d’avoir fait une telle conquête, car elle pensoit qu’elle devoit se venger de l’outrage de M. Williams, qui avoit profité de sa détresse pour en venir à ses fins : elle céda donc aux instances du baronet Charles qui, pendant quelque temps, lui témoigna