Page:Les Sérails de Londres, 1911.djvu/109

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

92
LES SÉRAILS DE LONDRES

ginant que sa condescension n’étoit que le prélude de ses noces ; mais, hélas ! elle fut peu de temps après convaincue de son erreur ; avec qu’elle agitation d’esprit, qu’elle mortification, quels remords, elle apprit, par les papiers publics, la nouvelle du mariage de son séducteur avec une autre personne.

Il se passa du temps avant qu’elle pût surmonter son chagrin ; mais voyant qu’il ne restoit aucune trace de sa foiblesse, elle se consola d’avoir découvert la perfidie de cette femme artificieuse, en qui elle avoit mis la confiance la plus aveugle.

M. W...ms, gentilhomme, jouissant d’une fortune honnête, lui fit peu de temps après, la cour, et l’auroit sincèrement épousé, si son père eut voulut donner une somme proportionnée à la fortune qu’il possédoit ; mais à l’instant de terminer cette négociation, M. Br...n fit banqueroute, et toute sa fortune imaginaire devint à zéro. M. W...ms avoit mis tant d’empressement à solliciter la main de Marie, que la prudence ne lui permettoit pas, d’après ce triste événement, de poursuivre cette affaire d’une manière honorable ; il lui étoit cependant impossible de vaincre la passion brûlante que cette jeune personne lui avoit inspiré, ni s’empêcher de céder à l’idée tentative qui s’offroit à son imagination, celle de lui faire des propositions d’un genre moins délicat ; et il se flattoit que sa situation présente la lui feroit accepter.