On sortit ; l’oncle répandit à terre un peu de sulfure de carbone et en approcha une allumette enflammée. La poudre ne prendrait pas plus facilement. Aussitôt l’allumette approchée, la partie mouillée se mit à brûler avec une flamme bleue et l’odeur du soufre.
Paul. — Le sulfure de carbone est une des substances les plus inflammables ; aussi faut-il mettre une extrême prudence dans le maniement de ce liquide, tout comme dans le maniement de la poudre. Si par malheur on venait à casser une bouteille de sulfure de carbone au voisinage du foyer ou d’une lampe allumée, la maison serait incendiée ; l’on brûlerait vivant si le liquide s’était répandu sur les habits.
Louis. — Il est bien redoutable, ce liquide.
Paul. — Oui, mon ami, il est redoutable entre des mains imprudentes, d’autant plus qu’il prend feu à distance au moyen de ses vapeurs. Mais il est sans danger si l’on a soin d’éviter tout ce qui pourrait y mettre le feu, lampe, lanterne, allumettes, voisinage du foyer. N’oublions jamais qu’il faut prendre avec le sulfure de carbone des précautions encore plus grandes qu’avec la poudre. Les étourdis ne doivent jamais y toucher. Quant à son efficacité pour exterminer les charançons, une expérience va vous en convaincre.
Paul mit dans un flacon une vingtaine de charançons pris dans la poignée de blé laissée par le père Simon ; puis il y versa une goutte, une seule, de sulfure de carbone. À l’instant même et comme foudroyées, les calandres se mirent à trembloter, puis raidirent leurs petites pattes et tombèrent sur le flanc.