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XII

LE GRENIER

Simon, le père du petit Louis, n’était pas content, se dit-on. Il avait dans son grenier un magnifique tas de froment, qu’il se proposait de vendre à la prochaine foire. À 22 francs l’hectolitre, cela lui faisait un beau sac d’écus. Mais il comptait sans la vermine. En visitant son blé, il finit un jour par s’apercevoir du dégât. Beaucoup de grains, la moitié peut-être, n’avaient plus que le son. On les écrasait rien qu’en les pressant un peu entre les doigts, et il en sortait une bestiole noire qui avait mangé toute la partie farineuse. Le père Simon se serait arraché les cheveux de chagrin.

Cependant le petit Louis avait répété chez lui ce que racontait maître Paul, il venait même de prononcer les mots de larve, de nymphe, de métamorphose, mots étranges pour des oreilles novices. La mère Simon, qui filait sa quenouille au coin de la fenêtre, avait éclaté de rire en entendant le babillage de l’enfant. « La belle occupation, disait-elle, que de regarder les petites bêtes et de s’informer de ce qu’elles font ! Se peut-il qu’un homme de bon sens, comme maître Paul, s’occupe de ces niaiseries !