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VI

L’INSTINCT

L’oncle prit la chenille qu’on avait déposée dans un verre.

Paul. — Examinez attentivement la bête. Sa peau est fine, si fine qu’un léger attouchement l’endolorit ; mais ici, sur la tête, en ce point qu’on appelle crâne, elle possède la dureté de la corne, pour former une calotte, une espèce de casque qui peut affronter impunément les âpretés du bois. La tête ouvre le chemin, elle est en conséquence défendue par une armure ; le reste du corps suit et n’a pas besoin de cette enveloppe de corne.

Émile. — Je comprends : la bête avance tandis que les pattes grattent et creusent.

Paul. — Non, mon ami : les pattes ne servent pas à creuser le bois. La chenille en a huit paires. Les trois premières paires, ou les plus rapprochées de la tête, ont une forme toute différente de celle des autres. Elles sont fines et pointues. Ce sont elles qui, par la métamorphose, deviennent les pattes du papillon, mais en s’allongeant beaucoup et en prenant une autre forme. Aussi les nomme-t-on les pattes vraies. Les quatre paires suivantes sont placées vers le mi-