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LES RAVAGEURS

réduisent en poussière. — D’autres… mais je n’en finirais pas, si je voulais tout dire. Ce petit peuple auquel on dédaigne souvent d’accorder un peu d’attention, ce petit peuple des insectes est si puissant par le robuste appétit de ses larves, que l’homme doit très sérieusement compter avec lui. Si tel vermisseau vient à pulluler outre mesure, des provinces entières sont menacées de la malemort de la faim. Et l’on nous laisse dans une parfaite ignorance au sujet de ces dévorants ! Comment se défendre si l’ennemi vous est inconnu ? Ah ! si cela me regardait ! Pour vous, mes chers enfants, retenez bien ceci : les larves des insectes sont les grands mangeurs de ce monde, car tout ou peu s’en faut leur passe par le ventre.

Jules. — Et la preuve, c’est que mon lilas y a passé. Ce doit être dur à manger cependant.

Paul. — J’en conviens, le bois est de digestion difficile, et si peu nutritif que la larve doit en manger beaucoup pour se sustenter ; mais la chenille du lilas possède un estomac fait exprès, s’accommodant fort bien de cette coriace nourriture ; en outre, elle a des mâchoires que ne rebute point la bouchée la plus dure. Que je vous montre tout cela en détail.