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LES RAVAGEURS

le criquet dépose en un tas au fond d’un trou cylindrique, creusé dans la terre à quelques centimètres de profondeur. En 1832, aux environs d’Arles, on recueillit près de 4.000 kilogrammes d’œufs, sans compter les sacs d’insectes. Il faut 80.000 œufs pour un kilogramme. C’est donc 320 millions de criquets que l’on détruisit en leurs germes. Figurez-vous les ravages d’une pareille nuée s’abattant sur la verdure d’un canton. Devant pareil fléau, l’homme baisse la tête et reconnaît son impuissance : l’insecte l’accable de son nombre.

Que de ravageurs, mes enfants, autres que les sauterelles, bravent par leur multitude nos moyens de défense ! Maintenant vous pouvez le comprendre, en vous rappelant ces larves, ces chenilles, ces vers, ces insectes de toute forme, de toute taille, de tout appétit, qui s’attaquent à nos cultures. Ils seraient certainement les maîtres si nous étions seuls à leur faire la guerre. D’autres, par bonheur, viennent à notre secours. Je vous raconterai plus tard l’histoire de ces précieux auxiliaires de l’agriculture. Pour aujourd’hui, terminons là nos causeries sur les ravageurs. Je suis loin, je le sais, d’avoir tout dit sur leur compte, des années entières n’y suffiraient pas ; mais mon but est atteint. J’ai appelé votre attention sur des ennemis très sérieux qu’il nous importe au plus haut degré de connaître. Les réflexions d’un âge plus mûr et l’observation feront le reste.

FIN