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LES RAVAGEURS

éclos, les jeunes sont tout blancs et ressemblent à de grosses fourmis. Il faut détruire ces nids toutes les fois qu’on les rencontre en bêchant.

L’habitation de la courtilière se compose de conduits qui descendent plus ou moins profondément dans le sol et de galeries de chasse à fleur de terre. Pour déloger l’insecte de sa retraite, on introduit d’abord un peu d’huile dans le canal où l’on soupçonne qu’il est réfugié, puis de l’eau à plein arrosoir jusqu’à ce que toutes les galeries soient inondées. Suffoquée par l’huile qui lui bouche les voies respiratoires, la courtilière ne tarde pas à venir à la surface. On peut encore employer le piège dont je me suis servi. Un vase large et profond est enfoncé dans la terre jusqu’au niveau de sol ; puis on le remplit à moitié d’eau. Attirées par la fraîcheur, les courtilières s’y noient pendant leurs promenades nocturnes. Quelquefois enfin, aux approches des froids, on dispose de place en place des trous que l’on remplit de fumier de cheval. La chaleur du fumier plaît aux courtilières, qui viennent se blottir dans le tas pour y passer l’hiver. Quand les froids sont venus, on visite ces abris, et l’on détruit les insectes engourdis.

La courtilière, le grillon, les criquets, les sauterelles, appartiennent à un ordre d’insectes que l’on nomme orthoptères. Ce mot signifie ailes droites. On veut entendre par là que les ailes inférieures, celles qui servent au vol, sont pliées en long suivant des lignes droites pendant le repos, à la manière d’un éventail fermé. Regardez les ailes rouges ou bleues des criquets, si fréquents en automne dans les gazons secs ; vous les verrez élégamment plissées dans