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LA COURTILIÈRE

sont de larges pelles dentelées d’ongles robustes. Les pattes de devant de la courtilière ont une conformation semblable. Elles sont larges, courtes et armées de dents de scie sur la tranche. Avec ces deux puissants outils, l’insecte laboure le sol de galeries souterraines.

Jules. — Voilà pour quel motif on l’appelle taupe-grillon : elle a de la taupe les pattes larges propres à fouir.

Émile. — Je voudrais bien savoir ce qu’elles font sous terre, la taupe et la courtilière.

Paul. — Elles y recherchent des vers et des insectes de toute sorte pour s’en nourrir. Dans leurs chasses souterraines, l’une et l’autre tranchent avec leurs pattes de devant les racines qui les gênent ; mais la taupe, exclusivement carnivore, ne les mange jamais, tandis que la courtilière, vivant à la fois de vers et de matières végétales, les ronge quand elles lui conviennent. Elle ne dédaigne pas non plus une feuille tendre de laitue quand elle sort de nuit de dessous terre pour prendre un peu l’air et faire connaissance avec ses voisines. La courtilière fait donc de grands dégâts dans les jardins, soit en déchaussant les jeunes plantes lorsqu’elle creuse ses galeries, soit en tronquant les racines avec la scie de ses pattes, soit en les rongeant pour s’en nourrir.

La femelle construit, à un pan de profondeur, un nid qui se compose d’une boule de terre creuse de la grosseur du poing. Dans la cavité, soigneusement lissée, elle pond ses œufs, au nombre de trois à quatre cents ; puis elle se tient dans le voisinage, comme pour veiller sur son nid. Nouvellement