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LES PUCERONS

les vaches des fourmis. Ils ont sur le dos, à la partie postérieure, deux poils courts et creux, deux tubes d’où l’on voit avec un peu d’attention s’échapper de temps en temps une toute petite gouttelette limpide. Au milieu du troupeau, sur le troupeau même quand le bétail est trop serré, les fourmis affairées vont et viennent, guettant la délicieuse gouttelette. Celle qui l’aperçoit accourt, la boit, la savoure et semble dire en relevant sa petite tête : « Oh ! que c’est bon ! Oh ! que c’est bon ! » Puis elle continue sa tournée pour découvrir une nouvelle gorgée du délicieux liquide. Mais les pucerons sont avares de leur liqueur sucrée, ils ne sont pas toujours disposés à la laisser couler de leurs tubes. Alors la fourmi, comme une laitière qui se dispose à traire sa vache, prodigue au puceron ses plus engageantes caresses. Avec ses antennes, si délicates et si flexibles, elle lui tape amicalement sur le ventre, elle chatouille les tubes à lait. Presque toujours la fourmi réussit. Le puceron se laisse convaincre ; une goutte se montre, aussitôt lapée. Oh ! que c’est bon ! Oh ! que c’est bon ! Et tant que la petite panse n’est pas pleine, la fourmi va sur d’autres pucerons essayer ses caresses.

Jules. — Il y a des pucerons avec des ailes, et d’autres sans ailes.

Paul. — Les pucerons sans ailes pondent tous des jeunes vivants. Vers la fin de la belle saison, la dernière génération acquiert des ailes et pond des œufs qui passent l’hiver, tandis que tous les pucerons périssent. Au printemps, ces œufs éclosent, et le même ordre de choses recommence.

Pour nous venir en aide contre l’envahissement si