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LES RAVAGEURS

Les hépiales se distinguent entre tous les papillons nocturnes par leurs antennes très courtes. Leurs chenilles vivent en terre et se nourrissent de racines. La plus importante à connaître est l’hépiale du houblon. Le mâle a les ailes blanches, un peu argentées, bordées d’un liséré rougeâtre. La femelle a les ailes supérieures d’un jaune vif, avec les bords et deux bandes obliques fauves. La chenille est blanchâtre, couverte de petits tubercules jaunes que surmonte un poil noir. Elle fait de grands dégâts dans les houblonnières en rongeant les racines. Pour la détruire, on conseille d’arroser les pieds de houblon avec de l’eau dans laquelle on a délayé de la fiente de porc. L’infection de cet arrosage la fait périr.

Dans l’intérieur des tiges du houblon vit la chenille de la pyrale, que voici. Le papillon a les ailes supérieures d’un jaune obscur, avec une bande dentelée d’un jaune serin et plusieurs taches rouges. Les ailes inférieures sont blanches, bordées de jaunâtre et tachées de pourpre.

Émile. — À la suite de cette pyrale, il y en a deux autres dans votre boîte.

Paul. — Ce sont les pyrales de la garance et du pastel. La garance était autrefois cultivée pour sa racine, qui fournissait une matière tinctoriale rouge, la plus belle et la plus solide de toutes.

Émile. — Le fichu des dimanches de mère Ambroisine était teint avec de la garance ?

Paul. — Oui. En même temps que du rouge, il y a sur l’étoffe du noir, du rose, du grenat, du violet. La garance donnait toutes ces couleurs. On appliquait diverses drogues avec des moules en bois où