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LES LARVES

peut-être, que l’insecte ne grossit plus, une fois qu’il possède sa forme finale, sa forme parfaite. Aussi connaît-on des insectes, le papillon du ver à soie entre autres, qui ne prennent aucune nourriture.

Le chat est d’abord une mignonne créature à nez rose, si petite qu’elle tiendrait dans le creux de la main. En un mois ou deux, c’est un gentil minet, qui s’amuse d’un rien et, de sa patte leste, fouette la mèche de papier que l’on fait courir devant lui. Encore un an, et c’est un matou, qui guette patiemment les souris et se griffe sur les toits avec ses rivaux. Mais, mignonne créature entr’ouvrant à peine ses petits yeux bleus, gentil minet joueur, gros matou querelleur, le chat a toujours la forme de chat.

C’est tout autre chose pour les insectes. Le machaon, sous sa forme de papillon, n’est pas d’abord petit, puis moyen, puis grand. Lorsque, pour la première fois, il ouvre ses ailes et prend son vol, il possède toute la grosseur qu’il doit à jamais avoir. Quand il sort de dessous terre, où il vivait à l’état de larve, quand pour la première fois il apparaît au jour, le hanneton est tel que vous le connaissez. La zeuzère, au moment où elle quitte la demeure que la chenille s’était creusée dans le bois, a la grosseur de celle que je viens de vous montrer. Il y a de petits chats, mais il n’y a pas de petits machaons, de petites zeuzères, de petits hannetons. Après la métamorphose, l’insecte est tel qu’il doit rester jusqu’à la fin.

Émile. — J’ai pourtant vu de tout petits hannetons qui volent le soir autour des saules.

Paul. — Ces petits hannetons sont une espèce dif-