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ORTALIDE, DACUS, ANTHOMYE

Les larves se nourrissent de la chair du fruit, qu’elles sillonnent de galeries remplies de leurs immondices. Quand ces vers abondent, un seul moyen reste de sauver au moins une partie de la récolte : c’est de faire la cueillette des olives et d’en extraire l’huile le plus tôt possible. Les larves périssent écrasées sous la roue du moulin qui triture les fruits, et l’on sauve la pulpe huileuse qu’elles auraient mangée en vivant plus longtemps.

Par son nombre, sa petite taille, son vol facile, la mouche des olives échappe à nos moyens de destruction, tout comme la mouche des cerises. On lui connaît un ennemi : c’est une fourmi qui visite les olives où le dacus a fait sa ponte et détruit les œufs du moucheron.

Émile. — On dit les olives d’une âcreté insupportable quand elles sont vertes et encore sur l’arbre. Comment le petit ver peut-il les manger ?

Paul. — Chacun a ses goûts, mon enfant : le vermisseau du dacus trouve excellent ce que nous trouvons détestable. L’ail cru, quelle saveur brûlante n’a-t-il pas ? Pour le manger, il faudrait un palais doublé en fer-blanc. Eh bien, il y a un petit ver, encore d’un diptère, qui de sa fine bouche grignote l’ail avec satisfaction. Il est heureux au possible quand il est installé dans la pulpe acre, aux fortes senteurs. C’est pour lui régal délicieux. Il ne vivrait que de cela, mais il vit aussi, suivant les occasions, d’échalotes, de ciboules, de poireaux et surtout d’oignons. Le diptère d’où il provient se nomme l’anthomye des oignons. C’est une mouche d’un gris cendré, avec des raies noirâtres et les ailes irisées.